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les Marchés Millau : forum Galerie
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Au CUN, le Forum
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Nous étions presque deux cent à nous réunir le 2 Juillet 2000 au Cun du Larzac suite à la manifestation de Millau qui a eu le mérite de rallier des personnes issues de luttes multiples. Que lon se définisse comme résistant, utopiste, alternatif, contestataire ou militant, nous avons tous noté une intensification des luttes et des initiatives en faveur dune plus grande autonomie alimentaire, culturelle et un accroissement des réseaux de solidarité en Europe et dans le monde. Dans le même temps, partout la répression semble se renforcer quelle soit policière en Europe ou militaire et paramilitaire comme au Mexique ou au Brésil. Quelle que soit lanalyse que lon fasse de cette répression plus ou moins ouverte, elle va exiger de chacun dentre nous de trouver des groupes daffinités pour mieux se connaître et créer des complicités plus larges dans laction. Dautant plus que certains médias tentent dassocier nos luttes à des résistances réactionnaires face au " progressisme " libéral, oubliant que croissance économique et évolution scientifique non pas de problème pour sallier à la répression populaire. |
Initiatives contre labus foncier et pour un droit daccès élargi. Droit au logement (D.A.L.) revendique la réquisition des logements vacants (soit deux millions) en France pour leur transformation en logements sociaux par lEtat et les organismes HLM. Dans lattente ils pratiquent lauto-réquisition et ont obtenu le relogement de 3500 familles et empêché lexpulsion de plusieurs autres. Il y a 35 comités du DAL. Ils fonctionnent également sur le principe de lauto-organisation des mal logés ou sans domicile. Toujours dans lobjectif dextraire de la spéculation foncière les lieux nécessaires pour abriter les populations mal logées, à Bruxelles, sest créée une coopérative de rénovation sociale. Cest un projet dhabitat groupé qui existe depuis vingt ans et qui négocie des baux emphytéotiques afin daccéder à des droits égaux à ceux des propriétaires mais limités dans le temps. Dautre part, 6 des 34 sociétés de logements sociaux soutiennent le projet puisquil élargit le quotas des logements sociaux en échange de quoi les locataires développent une gestion autonome des lieux récupérés. Dun point de vue offensif, ils ont réussi à déloger Philip Morris (deuxième groupe agricole mondial) qui sétait approprié un équipement de façon douteuse. Des chômeurs de lAude et des SDF de la région toulousaine se sont installés en Ariège pour réclamer des terres. Ils on crées un mouvement et en Janvier 1999 une charte de Droit Paysan. Ils défendent linstallation sur des terres agricoles de un ou deux hectares à des fins dautosubsistance. Dans la mesure où leur projet est hors cadre agricole pour le Ministère, ils groupent des projets agricoles, bio, aux normes avec des projets hors normes pour mener des actions collectives. Ils se sont alliés à lAssociation de Développement dEmploi Agricole et Rural (A.D.E.A.R.) de la Confédération paysanne qui a pour objectif de favoriser des installations progressives et soucieuses des critères environnementaux. Deux communes de lAude ont également répondu favorablement à leur projet de jardins potagers pour chômeurs et RMIstes. Comment échapper à la dictature de la SAFER ? Cette association loi 1901, reconnue dutilité publique, actuellement chapeautée par la FNSEA, a été dénoncé pour ses pratiques illégales au regard de son statut puisquelle pratique des remembrements défavorables au petites exploitations, voire mafieuse. Un exemple fut donné dans lAveyron où elle a adjoint à une exploitation de cent hectares, une parcelle de douze hectares de terres cultivables appartenant à une autre exploitation annihilant un projet de reprise en Groupement Foncier Agricole qui de fait nétait plus viable. La SAFER, dans certaine zone dite à vocation plus touristique, refuse des installations de 15 ou 30 hectares pour la réserver à des acheteurs, résidents secondaires, qui paient trois fois le prix agricoles. On note parmi les solutions, toutes celles qui privilégient la transmission directe entre propriétaires et porteurs de projet, comme par exemple le viager. Au Cun du Larzac qui accueille ce débat, ce sont des objecteurs qui ont squattés la terre. Aujourdhui propriété de la Société Civile des Terres du Larzac (SCTL) qui compte 1700 copropriétaires en Europe et qui est gérée par une association. Avec sa multitude de parts, ce statut permet la gestion interne et collective de la transmission de la terre et de sa bonne exploitation, elle empêche également limplantation de résidents secondaires. Longo Maï, qui est un mouvement de coopératives agricoles autogérées, fonctionne pour partie avec un statut de Groupement Foncier Agricole où la propriété est divisée en parts sociales ce qui permet un changement dexploitant sans démanteler le territoire initial. Les terres ont été rendu inaliénables par le biais du regroupement des propriétés au sein dune fondation. On note également la possibilité de sadresser aux hôtels des impôts de chaque préfecture où sont inscrits " les biens vacants et sans maîtres ". En achetant bon marché des petits terrains et du bâti rien nempêche dexploiter ensuite autour ou de squatter les biens laissés en friche. Il y a huit ans, une groupe venu de Paris, le collectif de la Valette dans les Cévennes a racheté au nom dune association une bâtisse puis ils ont occupé sans titre le village en ruine et les terres abandonnées alentours. La préfecture a décrété un arrêté dinsalubrité sur la vallée qui paradoxalement en déchargeant les autorités locales de toutes responsabilités à laisser aux occupants une plus grande liberté dagir. En conclusion lun des principaux obstacles à un usage intelligent de la terre et du bâti vient des formes de propriétés qui ont cours depuis des siècles : à savoir un droit individuel dabuser de son bien, cest à dire den faire un objet de spéculation sans jamais se préoccuper des conséquences sociales. Initiatives pour le droit à lusage Il y a seize ans, le Mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre du Brésil tentait dendiguer lexode rural et le regroupement dans les favellas des paysans et de leur famille. Leur plan daction se déroule en trois phases : le campement, loccupation des terres et linstallation. En Amérique Latine les terres appartiennent normalement à lUnion qui les louent sur de longues périodes à des groupes agricoles, industriels, pharmaceutiques. Il est impossible de remettre juridiquement en question leurs droits même si les actes de propriétés quils ont acquis par la suite sont antidatés et artificiellement vieillis pour légitimer des installations sur plusieurs générations. De plus, depuis une loi du 10 Mai 98, lEtat brésilien vend aussi les terres à des transnationales privatisant entre autres la forêt amazonienne devenue domaine dingérence internationales. Le MST organise des campements où les populations défavorisées réapprennent durant 1 à 7 ans à travailler solidairement la terre, mais aussi le droit à lexpression et à lauto-organisation communautaire, puis vient la phase périlleuse de loccupation où ont lieu des confrontations entre les milices privées des propriétaires soutenues par larmée fédérale contre les paysans qui viennent armés de leurs seuls outils de travail. Souvent les propriétaires font brûler les terres avant de les abandonner aux occupants afin de les rendre improductives. Une fois installés, les parcelles ne sont pas nominales mais les paysans exploitent collectivement les lots numérotés qui ne peuvent ainsi être revendus et recapitalisés. On note le même phénomène au Burkina Faso où les terres cultivables, originellement propriétés collectives des villages sont vendues par le gouvernement au fonctionnaires dEtat et où le paysan devient le larbin de celui qui a acheté. En Inde le problème sest également généralisé et lEtat tente dévincer les Intouchables de leur terres destinées à la culture vivrière pour les revendre. Contre labus de la propriété il y a donc plusieurs sortes dorganisations. En Bretagne, depuis un an, lAssociation de Soutien aux Projets et Activités agricoles et Rural Innovant (A.S.P.A.R.I.) tente de mettre en lien des porteurs de parts pour constituer des GFA et des porteurs de projets hors normes qui en auront lusufruit mais nont pas de capital. Elle a actuellement 46 porteurs de projets et une centaine dadhérents, le but étant de se soutenir mutuellement dans les projets et de créer un réseau permettant la récupération des terres qui se libèrent pour une exploitation qui ne soit pas intensive, comme cest la plupart du temps le cas en Bretagne. De même, depuis quinze ans, le réseau RELIER multiplie les expériences de réappropriation de terre par le Groupement Foncier Agricole mutuel qui est fiscalement plus avantageux et permet dacheter collectivement des terres qui sont ainsi extraites du domaine spéculatif et sur lesquelles on peut installer des exploitants. Dautre part, certains participants paysans ont soulignés que lon pouvait revendiquer lusage des bonnes terres et pas seulement celui des friches et parcelles sous exploitées parce que peu rentables ou difficiles. Dans la Beauce on compte jusquà trois mètres de couches de terres arables surexploitées et donc appauvries par la culture intensive et les arrosages excessifs. La nappe phréatique descend dun mètre par an. Concernant enfin le bon usage de notre environnement la question se pose également en milieu urbain. A Nice, le collectif des Diables Bleus et le théâtre de la Brèche occupent illégalement deux anciennes casernes dans le quartier Saint Roch et ils tentent de signer une convention avec lUniversité, propriétaire des lieux. Ils mènent au sein du collectif Zoumaï des actions culturelles et politiques de réappropriation de lespace public comme sur le port, devenu concession dune entreprise privée, où sont dorénavant interdit le vélo et les déambulations inesthétiques. Initiative pour la culture de la terre Un membre de la Confédération Paysanne souligne que le bon usage de la terre est à réinventer. Et que lhabitant dun HLM nest pas plus ignorant de lagriculture que lexploitant, salarié indirect de lindustrie agroalimentaire, qui ne maîtrise plus la gestion de sa terre : ensemencement, fertilisation, irrigation. Pour apprendre ensemble, on nous signale la mise en place depuis peu dune association issue des Systèmes dEchanges Locaux, qui sappelle " la Route des Stages et des Métiers " afin de faciliter la transmission des savoirs. Dautre part, A.S.P.A.R.I. en Bretagne essaie de mettre en place " une couveuse dactivités ", cest à dire un lieu où des porteurs de projets agricoles pourraient expérimenter leurs idées et apprendre à travailler ensemble en attendant de trouver une autonomie. Certains soulignent aussi le manque de lieux de formations autogérés. Il ressort de nos différentes initiatives pour un autre rapport à la propriété et à son usage, mais aussi pour une autre appréhension de lenvironnement, que la plupart des lieux alternatifs sont aussi des lieux dexpérimentations sociales. Lautogestion au sein de collectif à taille humaine ou encore les mises en réseaux à vocation solidaire démontrent quen changeant des pratiques aussi fondamentales cest tout notre mode de relation à lautre qui change aussi. Lautonomie quelle soit alimentaire ou autres na dintérêt que par ce quelle est génératrice de solidarités voulues et non de lorganisation politique de nos dépendances. Initiative pour la culture de la matière grise Entre Ligurie et Piémont dans la vallée de Royat, une association a récupéré une ancienne gare mussolinienne de 3200 mē afin dorganiser des activités culturelles dans la vallée. Un réseau inter-associatif Mervillecampagne se met en place pour soutenir plusieurs projets alternatifs et mouvements militants qui pourraient trouver là un lieu dexpression et faire revivre cette région frontalière. Depuis dix ans, lassociation Accueil Paysan propose des séjours à la ferme qui ne sont pas strictement touristique, et la mise en place de classe de découverte pour les enfants. Le réseau " pour sauver tout ce qui peut lêtre encore " fonctionne sur le principe de la contestation humoristique et veut des grosses BIT partout (Brigade dIntervention Théâtrale). La Coordination pour le Contrôle Citoyen de lOMC de Millau distribue des étiquettes " Non aux OGM " à coller sur les produits signalés dans la liste de Greenpeace. Les solidarités mondiales en voie dorganisation Lun des participants était au sommet des alternatives qui sest tenu à Genève du 22 au 25 Juin suite à lappel de Bangkok et à loccasion de la réunion à lONU sur létat et le bilan du monde. La pratique qui consiste pour les pays riches à vendre à bas prix les excédents agricoles dans les pays en voie de développement a été globalement dénoncée comme un facteur deffondrement des prix du marché local et daccélération de faillite des agricultures autochtones. Les syndicats représentant ces paysans ont appelé au soutien international contre une politique économique qui les oblige à abandonner les cultures vivrières au profit de la production en masse de produits (café, ananas ) exportables vers lEurope, les USA et le Canada. Juan Carlo, indien Mapuche du Chili, a témoigné des problèmes dexpropriation des petits paysans par les multinationales forestières et la manière dont les communautés indigènes se trouvent mises en péril par la désorganisation de leur mode de vie. Il a beaucoup insisté sur la nécessaire solidarité des européens dans lempêchement de cette politique dusurpation des terres. Maria du MST rappelle, au passage, que 13500 sociétés françaises sont installées au Brésil dont Renault qui emploient des ouvriers pour 75$ dollars par mois suite à la délocalisation de Vilvoorde où ils étaient payés 1000 $. Dautre part, ces sociétés rachètent des parcelles de plusieurs milliers dhectares de la forêt amazonienne quelles font garder par des milices armées pour empêcher les occupations de sans terre. Ils achètent ainsi un droit à polluer. A Angoulême, sest formée lorganisation Pueblos y Paz qui compte une vingtaine dadhérents qui ont créé un réseau déchanges de savoir entre les résistances européennes et les zapatistes mexicains. En Juin et Juillet 2001, ils organisent la venue durant 1 à 2 mois de compagnons zapatistes pour visiter des groupes qui luttent et proposent des alternatives. Projets à long terme
Calendrier dactions proposées
Pour conclure nous avons noté quun grand nombre de présentations ou réflexions nécessitent des clarifications aussi bien en terme juridique ou de fonctionnement. Lun des objectifs de cette journée était la mise en place dun réseau cest à dire dun groupe de gens capables de travailler de façon décentralisée. Aussi, il dépend de chacun dentre nous de contacter les autres pour avoir des éclaircissements, ou une adresse ou faire une proposition et transmettre linformation. Enfin les solidarités ponctuelles qui sorganisent autour dévènements précis doivent nous permettre de pousser plus avant nos réflexions. Par exemple, la mise en place de réserves foncières échappant au domaine spéculatif, ou le lancement dune nouvelle dynamique néo-rurale, ou la mise en place daction unitaire, ou les enjeux dinstallations de type communautaire, sont autant de débats que nous navons pas vraiment eu le temps davoir. Nous menons déjà probablement tous, chacun à notre niveau, ce type de réflexions. Lune des questions est peut-être de savoir si lobjectif est de trouver un consensus entre groupes et associations qui nous permette de répondre massivement à un système qui sorganise à léchelle du monde, ou de trouver des groupes daffinités de pensée avec lesquels se met en place quotidiennement une autre pratique sociale, économique et politique ? Il y a là un clivage qui semble difficile à dépasser ou à organiser et Millau en était un peu le reflet. Nous vous rappellons que le 5 septembre a lieu à Foix une
journée de soutien aux inculpés qui ont, il y a un an, eu le courage
de détruire une parcelle de culture transgénique. Pour avoir des
informations sur le déroulement de cette journée, vous pouvez
joindre le collectif "Anti-OGM" d'Ariège en contactant les adresse d'Ariège
sur la liste ci-jointe. |
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