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La pollution monétaire

Courrier de Benoit Laduron

"La pollution monétaire"

Article paru dans SILENCE

n°248 Septembre 1999

9 rue Dumenge
69004 Lyon
>>

 

 

Peut-on chercher à mettre en place ici des écovillages sans se préoccuper du rôle de notre comportement sur le reste du monde
en particulier par le placement de l'argent collectif ?

Début 1998, on m'a demandé d'aider à la création des statuts d'un réseau d'éco-villages européen en gestation depuis 1995, puis d'en être la présidente parce que je vis à Terre d'Enneille (1) depuis sept ans. J'ai accepté de tout coeur ; cela semblait tout à fait dans la ligne de notre éco-village.

En mai 1999, j'ai donné ma démission de présidente de ce réseau, le GEN-Europe, parce que je ne pouvais, après en avoir pris conscience, cautionner la manière dont le secrétariat est financé. En effet, via Gaia Trust, il est financé par la spéculation monétaire.

J'ai essayé du mieux que je pouvais de faire prendre conscience que la spéculation sur les monnaies engendre la pauvreté et que, pour moi, le mouvement des écovillages se doit de pratiquer ce qu'il veut démontrer : une nouvelle mouvance porteuse d'espoir et de changement pour notre société et donc sans la reproduction de pratiques douteuses. Je n'ai pas été entendue.

Retisser des liens, recréer un tissu, c'est le but des écovillages, c'est l'essence de ce mouvement, c'est une chance de changement à cause justement de ce circuit court qui rapproche.

Notre part d'ombre

Certains parlent d'un gouvernement mondial aux mains de forces obscures qui tirent les ficelles du monde. je n'en sais rien, si ce n'est qu'existe une part d'ombre en chacun de nous et que si nous laissons gouverner nos vies, bien évidemment, ces forces gouvernent la planète ! Les journaux parlent souvent de la spéculation pour la dénonccr. Les gouvernements prennent des mesures. Quand il s'agit des autres et des "grands" nous trouvons que ce n'est pas juste. La première chose à faire serait de prendre conscience que nous participons à ce mouvement.

Tout le monde sait que les taux d'intérêts appauvrissent certains et en enrichissent d'autres. Forcément, l'argent doit venir de quelque part ! Mais c'est légal et les banques le font, les communautés religieuses en profitent, toute la société deminante s'en nourrit. Et je l'ai fait aussi jusqu'au moment où j'ai pris conscience, où j'ai été reliée, où j'ai été en amitié avec celui, celle, qui me payait les intérêts. Là, dans un circuit court, il y a un visage, il n'y a plus de séparation et ce n'est plus possible d'avaliser, de continuer cette pratique. Il en va de même pour la spéculation. Si nous n'étions pas séparés, si nous connaissions le visage de celui qui en pâti, si nous nous sentions reliés à lui, même si ces pratiques sont légales, nous ne le ferions pas, nous ne pourrions pas. Du moins, je l'espère, à moins de nous enfermer dans notre tour d'ivoire pour ne pas voir et mourir de solitude et de peur pour garder l'illusion de la sécurité.

Moi, je ne peux pas supporter l'idée de créer un réseau d'écovillages ou tout autre entreprise sur le dos des pauvres.

La poursuite du colonialisme

Il faut ouvrir les yeux sur l'image globale : celle de l'usine qui, en aval, produit des choses intéressantes mais pollue en amont. Avoir le courage d'arrêter momentanément l'usine, de stopper la production "positive" pour examiner les conséquences mortelles qui viennent en parallèle et chercher d'autres voies. Mais c'est très mal vu de dire cela ! Quoi ? Arrêter la productions ou simplement la freiner ? Vous n'y pensons pas! "Regardez toutes les belles choses qu'ils ont faites avec cet argent, ce sont des gens plein d'idéal, ils veulent soutenir les changements qui émergent". Oui, c'est vrai, et la pollution, on verra après ! Puis on retombe dans le déni. En attendant, la planète se dégrade, et combien des femmes, d'hommes et d'enfants avec elle ! Il me semble qu'au moins, dans le doute, on pourrait s'abstenir de cette pratique !

On se retrouve comme à l'ère coloniale où l'Occident s'enrichissait tout en construisant aussi de belles choses dans le tiers-monde, avec les meilleures bonnes intentions, tout en exploitant et en déstabilisant les tissus sociaux. Cette politique est encore à l'origine du déséquilibre actuel.

On veut répondre à la crise d’un demimonde, le nôtre, en ignorant l'effet sur l'autre partie. L’enfer est pavé de bonnes intentions...

Elargir sa vision

Sortir du regard fragmenté, s'ouvrir à une vision globale est le défi de notre époque. Elargir sa vision, sa perception pour inclure l'ensemble. La vie en écovillage peut aider à cela si l'on accepte de s'ouvrir au collectif, d'inscrire ses actes dans ce contexte, ce qui entraîne parfois des adaptations. Changement bénéfique, fécondation mutuelle de l'individu et du collectif pour arriver à plus de justice.

Nous nous retrouvons et le GEN-Europe aussi, dans la même situation que jésus au désert lors des tentations : "Regarde tout ce que tu pourras faire avec cet argent ! prends-le, il est à toi, il t'est assuré pour deux ans, cinq ans, peu importe comment il a été produit, regarde tous les possibles qu'il t'offre", On sait ce que jésus a répondu...

En ce qui me concerne, dorénavant, je demanderai l'origine des fonds de tous beaux projets, car c'est à travers l'usage de l'argent, notamment, que nous pouvons voir comment s'incarnent les principes.

A Terre d'Enneille, depuis le début, nous nous sommes attachés à être transparents sur toutes les questions d'argent et à refuser toutes transactions de dessous de table.

Nous pensons qu'on ne peut construire du neuf sur de veilles pratiques, et la vie nous a répondu favorablement. On peut lui faire confiance si on est droit dans ses bottes ! S. Kierkegaard a écrit: "celui qui prend un risque perd pied pour un instant, celui qui ne prend pas de risques perd sa vie".

Chtistina de Wilde

(1) Terre d'Enneille a été présentée dans le dossier <<Vivre ensemblew>> du numéro 226-227 de Silence, janvier 1998.


Lettre de Benoit Laduron (été 1999)

Benoit LADURON; C/o Terre d'Enneille; Grande Enneille 100; 6940 Durbuy; Belgique;
Tel 32 86 323456

Je suis membre fondateur d'un écovillage (voir p 18 du directory of ecovlllages). Christina, ma compagne, était jusqu'à hier présidente du GEN Europe, association internationale qui a encore son siège chez nous.


J'ai été cofondateur d'une association belle Ethibel qui a pour but de faire la promotion de placement éthique. Elle regroupait un grand nombre d'associations belges travaillant pour le tiers monde, le quart monde, l'environnement etc.. J'ai été le président de la commission qui propose un label éthique à des placements financiers type "SICAV éthique" ou ""Ethic fund". Cette commission était composée de professeurs d'université tant laïques que catholiques pour définir des orientations éthiques à des placements financiers. C'est donc un domaine que je connais bien et où j’ai acquis une expertise.

Pourquoi je vous parle de cela ?
Nous avons été embarqué dans le GEN europe, comme vous sans doute, par la joie de savoir que d'autres oeuvraient dans la création d'écovillages. Et cela nous intéressait de connaître les uns et les autres et de pouvoir le cas échéant se visiter ou échanger des expériences.

Declan Kennedy de Lebensgarten nous a convaincu de créer cette association internationale en Belgique pour coordonner ce réseau. Tout s'est fait un peu vite et de manière peu réfléchie et peu démocratique .

Quel ne fut pas notre étonnement d'apprendre par la suite que le GEN était financé et controlé depuis trois ans par une association danoise'Gaïa Trust'. dont j'avais entendu parler il y a dix ans déjà.(+/-250.000 EUROS par an distribué aux secrétariats, 750.000 euro sur 3 ans).

Rassemblant mes souvenirs et demandant l'aide Ethibel qui est connecté à un réseau d'information international, il est apparu clairement que Gaïa Trust recevait cet argent de Gaîa Corporation Ltd. Elle a son siège à Dublin en Irlande (paradis fiscal) et un correspondant à Hong Kong laquelle société gagne son argent uniquement en faisant de la spéculation financière sur les monnaies, spécialement, dollar, livre , DM, Yen etc..

Les fonds proviennent d'investisseurs privés qui sont largement rétribués puisque on annonce des rendement de 30 voire 40% par an.

Le patron n'est autre que Ross Jackson habitant au Danemark qui engage et dégage les secrétaires du GEN international installé au Danemark, à qui les autres secrétariats devraient envoyer un rapport régulièrement. Il assiste aux réunions du GEN international (la prochaine réunion est à Mexico financée par Gaïa, dont coût +/- 10 000 euros sur le dos de la pauvreté). Il a créé une sorte de Holding dont Gaïa Corp est la société financière , Gaïa Trust est une association charitable qui fait des dons avec une partie des rendements dégagés sur la spéculation , Gaïa Technology prend des participations dans des sociétés plus écologiques, Gaïa Villages investit dans des écovillages au Danemark- et dans d'autres pays, tout cela sous le contrôle de Ross Jackson .

Avec un discours très "NewAge", il justifie ce pillage de l'humanité.

Les écovillages qui veulent construire une "autre société", participent ainsi malgré eux, à l'appauvrissement d'une autre partie de celle-ci par la spéculation du sponsor du GEN. Car c'est de cela qu'il s'agit malgré tous les beaux discours justificatifs y compris spirituels inspirés que vous pourrez sans doute entendre des défenseurs de la spéculation et donc de Ross Jackson , vous noyant sous clés termes techniques et vous parlant de modèles mathématiques que personne ne comprend sauf eux.

Quand quelqu'un gagne en Bourse,c'est qu'il y a un perdant et ce perdant a un visage C'est un homme , une femme, qui perd son emploi ou ses allocations pour des raisons budgétaires. La spéculation sur les monnaies crée des distorsions et des déséquilibres dans les budgets d'un état. Et pour redresser la barre, vous savez comme moi que l'état diminue toujours plus l'aide sociale et les multinationales diminuent l'emploi. D'ailleurs , tous les analystes financiers honnêtes vous diront que quand une multinationale annonce des réductions d'emploi, la bourse , le dow Jones grimpe.

La spéculation c'est du vol légal.

Tout cela a été dit à la réunion du conseil d'administration du 11/02. La demande était : puisqu'une nouvelle organisation se met en place avec des nouvelles personnes, refusons sans délai le fïnancement par Gaïa Trust. J'ai proposé un plan de travail plus léger et d'autofinacement pour un fonctionnement plus éthique, plus démocratique et moins centralisateur du GEN Europe. Ce plan est à votre disposition sur demande. Mais il doit encore être traduit en anglais.

Nous avons demandé, selon la loi sur les asdl en Belgique que le budget et le financement soit présenté à l'ensemble des membres des écovillages maintenant. Le conseil d'administration a refusé tout…

Personnellement je ne peux accepter ce financement et il faut l'arrêter sans délai, et je ne peux accepter qu'il y ait un patron qui contrôle le GEN , et que les décisions soient prises par un petit nombre (5) sans consultation ni recherche de consensus des autres.

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