Action n° 227
Rennes, le  16 octobre 2000 

 (Attention, le délai de réaction pour cette action est limité du 16 octobre au 30 novembre 2000 )

CHINE : ÇA SE PASSE COMME ÇA...

Depuis 1955, la firme Mac Donald’s a initié la mode de la restauration rapide. Aujourd'hui ses fast food se multiplient dans le monde. Une domination fortement contestée pour ses aspects sociaux, environnementaux et culturels (1), mais qui ne l’empêche pas de se développer de façon inexorable. Car la multinationale possède quelques armes secrètes pour attirer les clients. Ainsi, le gentil Ronald a la réputation d’aimer les enfants. Noffre-t-il pas dans le même paquet un repas et un jouet de préférence déjà vu à la télé ou dans un dessin animé de Disney ? Pourtant, en Chine, la multinationale vient d’être prise en flagrant délit d’exploitation d’enfants au travail. Sa réponse a été radicale : négation du problème, fermeture de l’usine incriminée et proclamation d‘innocence. Pour les associations de Hong-Kong, pas question de laisser faire. Pour Réseau-Solidarité non plus.

Ma Bei, une jeune fille de 16 ans est arrivée il y a un an de la province de Guizhou pour travailler à Shenzhen. A l’époque, elle a utilisé la carte d’identité de sa sœur pour se faire embaucher à l’usine. Celle-ci avait déjà fait de même quelques années auparavant.

An Luping, une autre jeune fille de 14 ans est venue aussi travailler dans le même atelier à la fin de son cycle d‘études primaires, en juillet 2000.

Ma et An travaillaient dans l’usine de City Toy, à Shenzhen, province de Guangdong, dans la banlieue de Hong-Kong (2). La société hongkongaise est, ou plutôt était l’un des sous-traitants de Mac Donald’s. Elle fournissait à la multinationale les gadgets que tous les restaurants Mac Do offrent à leur jeune clientèle.

LA VÉRITE ÉCLATE

C’est un article, publié le 27 août 2000 par le South China Morning Post et repris par Marianne et Le Courrier International (3) qui présente ces témoignages parmi d’autres et révèle le scandale. Il s’appuie notamment sur une enquête réalisée aux mois de juillet et août dans la zone industrielle par le HKCIC (4). Le rapport de cette enquête est accablant. Sur les 2000 ouvriers travaillant dans l’usine de City Toy, en grande majorité des femmes, 400 sont loin d’avoir atteint l’âge légal de 16 ans. Il leur arrive souvent de travailler 16 heures voire 20 heures par jour en cas de grosse commande et ce 7 jours sur 7. Ils sont payés 1,50 F de l’heure soit 20 F par jour, moins qu’un Big Mac. Le soir, ils tentent de dormir dans des petits dortoirs qu’ils paient au prix fort.

Quand l’affaire est connue, Mac Donald’s nie tout en bloc et s’insurge. La société s’appuie sur son code de conduite par lequel elle s’est engagée à respecter les normes minimales de l’Organisation Internationale du Travail. La multinationale rappelle qu’elle a mis sur pied son propre système de contrôle et que ses dernières enquête à City Toy n’ont rien révélé de suspect. Néanmoins, le lendemain, elle délègue une équipe d’enquêteurs extérieurs dans l’usine tout en continuant à nier les accusations dont elle fait l’objet concernant le travail des enfants. Cependant au vu des résultats, elle annonce qu’elle met fin au contrat qui la lie à son sous-traitant pour d’autres manquements à la législation du travail en Chine, notamment à propos des salaires et des heures de travail.

Le HKCIC se rend sur place après le passage de l’inspection de Mac Donald’s. Le 31 août, il publie un nouveau rapport. En fait, dès la parution de l’article du 27 août, plusieurs centaines d’ouvriers ont été licenciés. Nombre d’entre eux, âgés de moins de 16 ans, l’ont été pour échapper à l’inspection.

MAC DO RESPONSABLE

L’utilisation d’enfants pour la confection de gadgets Mac Do est absolument indiscutable. Les témoignages directs sont nombreux. On sait par exemple précisément que certains d’entre eux ont été recrutés à Gaozhou, dans la province de Guangdong, à la fin de leur scolarité primaire. On connaît les trafics de cartes d’identité couramment employés en Chine et qui permettent à des jeunes de moins de 16 ans de travailler. Pour le moins, il n’est pas digne de Mac Donald’s de nier ces évidences.

A deux reprises, en octobre 1999 et mai 2000, City Toy a reçu la visite du bureau de vérification de la multinationale qui n’a rien constaté d’anormal dans l’entreprise. Il est plus que douteux que la situation ait pu s’inverser en trois mois. La crédibilité du système de contrôle de Mac Donald’s est donc en cause : un système au sein duquel les ouvriers n’ont pas le droit au chapitre et qui reste fermé à l’opinion publique peut-il être indépendant ?

Plusieurs centaines d’ouvriers ont été licenciés. Puisque Mac Donald’s admet des violations de la loi concernant les salaires et les heures de travail, qu’en est-il des indemnisations des personnes qui se sont retrouvées à la rue du jour au lendemain ? N’est-il pas de la responsabilité du donneur d’ordre de se soucier des conséquences d’une cessation brutale d’activité sur le personnel qui en est la première victime ?

Face à ces remarques et à ces questions, les associations de Hong-Kong et, à plus forte raison les ouvriers de City Toy demeurant sans réponse, nous demandent d’interroger nous aussi la multinationale Mac Donald’s.

ATTENTION !

Exceptionnellement, cet appel est diffusé à l’ensemble des membres de Réseau-Solidarité. Il est important qu’il soit connu le plus largement possible.

N’hésitez pas à le faire connaître autour de vous. Commandez-nous des exemplaires supplémentaires. CONTACTEZ-NOUS !


(1) Voir à ce sujet les nombreux articles du journal Silence 9, rue Dumenge 69004 LYON
(2) Shenzhen est situé dans la province de Guangdong, sur le territoire de la République Populaire de Chine
(3) Marianne 4 au 10 septembre 2000 et Le Courrier International du 21 au 27 septembre 2000
(4) Hong-Kong Christian Industrial Committe (Comité Industriel Chrétien de Hong Kong), une association de Hong-Kong spécialisée dans la défense des droits de économiques et sociaux en Chine, et participe à la Coalition Jouets que les membres de Réseau-Solidarité connaissent déjà. En octobre 1999, Réseau-Solidarité a publié une étude réalisé en Chine par l’Asia Monitor Ressource Center, également membre de la Coalition Jouets.

 

QUE FAIRE ?

Ecrire à ( Affranchir à 3,00 F ou utiliser une enveloppe internationale à tarif unique vendue par la Poste au prix de 42 F les dix ) :

M. Denis Hennequin
Président Directeur Général
Mac Donald’s France Service
1, rue Gustave Eiffel
78045 GUYANCOURT CEDEX

Tél. : 01 30 48 63 00

Délai : A faire immédiatement en ce qui vous concerne. Mais pour donner plus d' ampleur à cette protestation, vous pouvez diffuser cet appel jusqu'au 30 novembre 2000
TEXTE PROPOSÉ :  (Cliquez ici pour télécharger la lettre au format WORD 6 / 4 ko )
 

Nom - prénom 
Adresse 
Code postal - Ville

A............, le......... 

Monsieur le Directeur,

Alerté par Réseau-Solidarité (10 quai de Richemont 35000 RENNES), j’ai appris la décision de Mac Donald’s de mettre fin au contrat liant votre société à l’entreprise City Toy, en Chine.

Je considère que cette décision fait suite à de graves disfonctionnement de votre système interne d’audit social et fait supporter aux ouvriers de l’entreprise toute la conséquences de cette grave affaire qui n’est nullement de leur responsabilité.

C’est pourquoi, je vous demande avec insistance que votre société :

  • réforme en profondeur son système d’audit social et l’ouvre au personnel concerné et à l’opinion publique
  • admette que le travail des enfants a été utilisé dans l’entreprise City Toy
  • verse les compensations dues aux ouvriers licenciés des usines de Shenzhen

Je vous demande instamment de transmettre cette demande à votre direction internationale et je vous prie de croire en l’expression de mes sentiments distingués.

(signature)

Chine : des Jouets fabriqués dans la douleur

Brochure proposée par Réseau-Solidarité

Cette brochure éditée en novembre 1999 est le fruit d’une enquête menée en Chine par l’Asian Monitor Ressource Center (AMRC), une Organisation Non-Gouvernementale, basée à Hong-Kong, spécialisée dans l’étude et le suivi des conditions de travail dans les entreprises asiatiques. Elle comporte de nombreux témoignages d’ouvrières du jouet de ce pays.

Par ailleurs, il est fait état du travail important mené par quelques actionnaires de Mattel, lors des Assemblées Générales du groupe. Toutes les avancées qui ont pu être réalisées dans ce secteur de l’industrie comme dans d’autres, sont le résultat de l’action combinée des syndicats et des ONG de terrain, appuyée par des campagnes d’opinion en Europe et aux États-Unis et par certains actionnaires.

38 pages – 48 francs port compris
Imprimer et commander



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